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4 novembre 2009 3 04 /11 /novembre /2009 00:19
        De Guyaquil un bus part de suite vers la frontière colombienne, je ne réfléchis pas trop et saute dedans, ce n'est pas comme si une quinzaine d'heures de bus étaient de taille à me faire peur... C'est étrange de voyager seul à nouveau et je ne peux m'empecher de chercher les autres du regard, notamment de vérifier qu'on n'oublie rien en sortant du bus...

      Arrivé à la frontière j'accomplis les formalités facilement et vais pour continuer ma route quand je rencontre Lulo, un architecte français que j avais rencontré à Montanita. Lui même attend un couple d'artisans, Kasimir qui est lituanien, Tutti qui est chilienne. Rentrés dans une zone où la douane equatorienne ne fonctionnait pas ils sont maintenant en difficulté pour ressortir... les douaniers cherchent le pot de vin et les font poireauter depuis plus de 24h. Deux européens en plus ne leur font pas de mal et finalement ils finissent par profiter de l'absence du chef de service pour négocier leur passage, tant pis pour le boss qui ne se remplira pas les poches cette fois ci !!!! Du coup on continue tout les quatre, puis a trois puisque Tutti remonte vers le Nord, en direction de San Augustin dans le sud de la Colombie.

       La Colombie, longtemps que j'en rêve, longtemps que tous les voyageurs que je croise m'en dressent des portaits enchanteurs. Il faut imaginer l'effet que ça fait d'entendre un argentin, forcément nationaliste, dire que c'est la Colombie le plus joli pays d'Amérique du Sud.

       Et puis.... C'est vrai qu'une fois passé la frontière les paysages sont plus jolis, moins urbanisés, plus verdoyants... tiens le ciel ne serait-il pas plus bleu aussi? C'est vrai aussi que les gens sont plus souriants, plus ouverts, plus enclins à entamer la conversation.

       A SAN AUGUSTIN on rentre directement dans la Colombie où il fait bon vivre.... et passer. Paysages de moyennes montagnes, température encore clémente, ville à taille humaine où les rencontres sont faciles... on s'y plait tant qu'on y passe une semaine à se délasser, profitant d'avoir décroché un logement féérique au sommet de la colline, l'étage supérieur d'une maison sur pilotis, les hamacs accrochés sur la ballustrade, la vue ouverte sur la vallée et la rivière qui y coule. On se laisse vivre, passons quelques soirées avec une tribu de fondus chevelus locaux, nous balladons aussi dans les environs où les vestiges sont nombreux. Et puis on se décide à continuer la route, Kasimir nous abandonne tandis qu'avec Lulo nous nous mettons en route pour Bogota.

      A BOGOTA j'ai la chance d'avoir une amie, Nadège, qui vit là bas depuis plus d'un an. Depuis le début d emon voyage je suis resté en lien avec elle, ne pouvant guère lui dire exactement quand est ce que j'arriverai...et me voilà. On débarque tot le matin avec Lulo qui connait déja bien la ville. On se ballade dans le centre avant de se diriger vers la maison de Nadège et en chemin on croise une pancarte, Rasta pan, pain bio. Bon, on pousse la porte et découvrons un couple de jeunes adorables, on se pose avec eux, papotons, tiens la journée est déjà passée? Ils sont comme çà les colombiens, incroyablement chaleureux et accueillants, ç'est un plaisir fous, surtout après l'Ecuador ou au final les rapports humains manquaient un peu de chaleur à mon gout.
      Nadège, bonne surprise, vit à 100 mètres du centre du centre... dans un petit ilot de maisons donnant sur une cour pavée, et comme un bonheur ne vient jamais seul elle a négocié la clé de la maison de ses voisins et néanmoins amis qui sont partis en vacances. Le bon plan !!! Me voila bien posé, bien guidé aussi même si Nadège et son ami Damien ne sont pas vraiment en vacances eux et n'ont pas forcément le temps de me faire visiter la ville. Nadège est en effet ici pour préparer une thèse, son travail de recherche l'amène régulièrement dans des régions désolés du pays. Elle prend quand même le temps d'écrire quelques articles pour la presse française, pour parler notamment d'un problème surgi à la lumière il y a peu, les "faux positifs". En résumé l'armée recrutait des jeunes désoeuvrés... les fusillait et les faisait passer pour des guérilleros tués. Succès facile pour l'armée, vrai scandale car tout cela n'a pu être réalisé sans l'accord sinon la demande du président actuel, ami notoire des narcos trafiquants... paramilitaires. Ambiance...

pour les détails allez voir par la:

http://www.bastamag.net/spip.php?article386
http://cequilfautdetruire.org/spip.php?article1603&var_recherche=mendeza
http://cequilfautdetruire.org/spip.php?article1605&var_recherche=mendeza
http://cequilfautdetruire.org/spip.php?article1606&var_recherche=mendeza

de même je profite de leur réseau pour voir la première mouture d'un documentaire réalisé par un de leurs amis italiens sur le même sujet, çà fait plaisir de voir que certains ne sont pas prêt à laisser passer sans rien dire !!! Quant à Damien, qui est photographe, il travaille sur le terrain, couvrant notamment les marches sociales colombiennes et les groupes de guérilla. L'un de ses reportages a été récemment primé,

voir ici:

http://www.photographie.com/?pubid=105450&secid=2&rubid=1
http://www.librearbitre.com/galerie,fr,1,reportages-photographiques-collectif-photojournalistes-libre-arbitre.html

     J'ai donc la chance de découvrir avec eux une autre facette de la Colombie, celle qu'on ne voit plus guère dans un pays qui s'est récemment ouvert au tourisme et où les zones urbaines ont été "libérées" ou à peu près de la pression de la criminalité organisée.

     Mais la Colombie c'est aussi un pays de culture où les musées sont extraordinaires et presque gratuits. Là encore le plus simple est d'aller faire un tour sur Picasa pour se donner une idée.

     Laissant toutes mes affaires à Bogota je pars quelques jours rejoindre une autre amie, Sandrine, qui travaille elle pour les Brigades Internationales de la Paix. Le job est simple, en apparence, puisqu'il s'agit d'escorter militants associatifs et syndicaux dans leur déplacement pour leur éviter le désagrément de finir une balle dans la tête. Dès fois ca marche mais pas toujours...
     On se retrouve donc à 7h au nord de Bogota, à SAN GIL. On y passe deux jours à faire la fête, rencontrant un groupe d'artisans forts sympas avec qui on passe pas mal de temps, découvrant aussi la région, fort jolie et plantée de villages coloniaux où le temps semble s'être arreté depuis longtemps.

     Je passe encore deux jours à Bogota avant de changer de ville, direction CALI. C'est une grosse ville, pas jolie, pas attirante. Sitot arrivé j'ai envie d'en repartir, d'autant que l'arnaque du touriste semble être un sport local. Courage, fuyons. J'y rencontre quand même des copains, un argentin, Santiago, un autrichien, Daniel et une française, Aude. On décide de faire un bout de route ensemble puisqu'on a tous l'envie de découvrir la zona cafetera, oui, là ou on fait pousser le café si réputé... Il est bon ton café? Surement, à aimer le café... bin non, toujours pas.

     On choisit le petit village de SALENTO comme port d'attache pour découvrir la région, ballades, ballades... détente et lézardage, pas mécontent d'avoir balladé mon hamac depuis l'Amazone, moi ! Je continue à savourer, c'est bête mais on ne se lasse pas, le fait de parler, enfin, à peu près correctement l'espagnol. Du coup j'ai le contact plus facile, et ici c'est particulièrement payant. Les gens sont en effet très accueillants mais c'est toujours plus simple quand ils ressentent l'interêt qu'on a pour eux, leur langue et leur culture...

    On continue avec Daniel vers MEDELLIN. On y arrive pour la fête des fleurs. Chouette une fête !!! Bon c'est plus compliqué de trouver un logement mais on nous oriente vers une zone non touristique où on finit par dégotter une chambre chez deux petits vieux tout contents de nous recevoir, on est mieux qu'à l'hotel.... et c'est moins cher. J'aime aussitot la ville, son métro aérien qui traverse la ville rapidement, les télécabines qui désenclavent les favelas accrochés aux collines qui entourent la ville. C'est la fête dans une ville de fête et, surprise, je rencontre une bande de locaux adorables avec qui partager mon gout de la nuit et des petits matins a regarder le soleil se lever. C'est une ville où j'aimerai rester mais, ca y est, ca se ressent, le retour se rapproche et le compte à rebours déclenché me motive à me diriger un peu plus vite que je ne voudrai vers la côte caribéenne, la plage et les cocotiers !!!

     Prochaine étape, CARTHAGENA, ville coloniale par excellence, ville enchanteresse, ville négresse, ca y est je suis dans les Caraibes !!! On se dégotte une guesthouse super chouette en suivant la technique désormais bien rodée du "cherche une adresse dans le Lonely Planet et trouve à coté meilleur et moins cher". Imparable... Ce qui est étrange c'est ce que c'est en Colombie, pays pas particulièrement réputé pour son tourisme, que je vais rencontrer, et fréquenter, le plus de voyageurs... Peut être parce que je suis en fin de voyage et que mon rythme s'est accéléré, en tout cas je ne cesse de multiplier les rencontres, et les re rencontres. Ainsi à Carthagena je retrouve des français vus pour la première fois à Salento, une américaine croisée à Medellin que Daniel recroise depuis l'Ecuador, etc.

     De là je me dirige vers SANTA MARTA, où je ne m'arrête pas, lui préférant le petit village mitoyen de TAGANGA. C'est devenu un repaire de travelers avec les bons et les mauvais cotés. La encore je retrouve pleins d'amis de voyage et la fête bat son plein, j'oublie vite ce que signifie porter des chaussures ou un t-shirt, retourne à l'état sauvage et aime çà... J'y passe deux semaines sans presque m'en rendre compte, profitant quand même de l'aubaine que constitue la combinaison de fonds marins sublimes et de cours de plongée bons marchés. Je me fais initier par un prof super doué, une espèce de pirate grec avec qui je sympathise vite, au point d'enchainer les deux premières formations du PADI, en tout plus d'une dizaine de plongée. J'adore ça !!!!

    "Allo Alex, tu rentres quand?"
...
     Bonne question. Pour la résoudre je pars vers le parc national avoisinant, TAIRONA. Un petit sac avec du pain et du fromage, une carte de pirate pour esquiver l'entrée et les sentiers battus et me voilà pour mes quatre derniers jours en Colombie, seul sur des plages désertes tellement paradisiaques que ça fleure la carte postale. Un peu d'eau fraiche, des noix de cocos qui prolifèrent, je pourrai rester plus longtemps, c'est sur....



RETOUR MODE D'EMPLOI


    Je quitte la plage au lever du jour, traverse la jungle pour quelques heures de marche, retourne à Taganga récupérer mes affaires. Retirer des sioux et les convertir en dollars me prend peu de temps, je fonce à la gare de Santa Marta attraper un bus direct pour le Vénézuela voisin et CARACAS d'où j'espere trouver un billet retour bon marché. C'est que, pour des raisons obscures, le taux de change y varie plus que du simple au double selon que l'on y retire de l'argent où qu'on y utilise des dollars achetés préalablement. Résultat, en payant au prix du marché noir officiel, sic, et ce dans la première agence de voyage où je me présente, je me dégotte un billet retour à 500 dollars pour la fin d'après midi. C'est presque trop facile. Le temps de gouter brièvement aux charmes de la ville et me voilà parti, je pleure comme un con à l'idée de mettre fin à ces 60 semaines de déambulations latines.


MAIS SI CA TE REND TRISTE, POURQUOI TU RENTRES?


     Bonne question, non? Bon je pourrai répondre que vous me manquiez tous, et ca serait vrai... mais pas suffisant. J'aurai pu aussi bien passer en Europe en vacances avant de continuer à voyager. J'y ai pensé, et pas qu'un peu. Pour les thunes? Pas vraiment. J'ai dépensé peu, très peu, un peu moins de 600 euros par mois, autant dire que j'aurai pu continuer ad vitam eternam. La réponse peut paraitre pédante mais je n'en ai pas trouvé de meilleur, j'aime pas le travail... mais j'aime mon travail. Je me suis dit que retourner me coltiner des petits cons dans une banlieue pourrie était finalement la meilleure chose à faire, pour ce que je peux leur apporter, pour partager un peu de cette soif de liberté qui n'a cessé de me dévorer. Chacun son taf... On m'a demandé cent fois pourquoi je ne postulai pas pour un poste de prof en Amérique Latine, tentant... pas tant. Pas plus que ça envie d'enseigner à des gosses d'expat ou d'ambassadeurs, fils de nantis et gosses de riches. Car finalement l'essentiel n'est il pas de faire ce pour quoi on est le plus doué? J'ai fait le pari que ce que je faisais le mieux c'etait prof d'histoire atypique pour goss' de pauvres. Je me laisse une année scolaire pour voir si j'ai gagné. Mais sur que la route n'a pas fini de me croiser !!!!!



Et d'ailleurs... vous aurez compris que la lecture de ce blog s'accompagne de tours et detours sur PIcasa, vous y verrez des photos d'Amerique du Sud, évidemment, mais aussi de Russie où j'ai passé la Toussaint et d'où je mets, enfin, le point final à ce récit commencé il y a plus d'un an. En esperant que cela vous aura plu...

Amitié.











    





    
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commentaires

P
<br /> c'est marrant j'ai passé juillet aout à cali et je ne l'ai quitté que pour aller à medellin pour la fête des fleurs. j'aime bien ton style de voyage, un seul détail me chagrine c'est que tu n'ai<br /> pas apprecié Cali ma ville preferée en colombie ou contrairement à ton impression le tourisme est pratiquement absent... c'est une ville pour faire la fete, comme dit un copain de bogota c'est la<br /> ville de la perdition!!!<br /> à bientot<br /> <br /> <br />
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